Depuis deux ans, le contexte international a fortement impacté la meunerie. Sur fond de guerre en Ukraine et de tensions sur les marchés du blé ou de l’énergie, les meuniers ont vu leurs coûts exploser depuis 2021. Retour sur une période de tension historique pour la filière blé-farine-pain.
« Avec une grande résilience, les meuniers ont fait face à l’augmentation du prix du blé à l’automne 2021, jusqu’à son explosion après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Soyons clairs, il n’a pas manqué de blé en France, et il n’en manquera pas. Mais les tensions mondiales sur l’offre et sur la demande fixent le cours mondial de la céréale, et donc celui du blé français. Nous allons devoir gérer cette volatilité dans les prochaines années.
Enfin, les meuniers ont fait face à la flambée des prix de l’électricité mais aussi à l’augmentation du tarif des emballages, du transport et des salaires.
Les marges de nos entreprises sont parmi les plus faibles de l’agroalimentaire, et ces hausses de charges inédites font peser un risque sur la pérennité de nos entreprises si elles ne sont pas répercutées à l’ensemble des maillons de la chaîne, jusqu’au consommateur.
Face à cette situation exceptionnelle, la meunerie a immédiatement alerté le gouvernement et les parlementaires pour leur demander de fixer un prix de l’électricité à 180 euros/MWh pour toutes les entreprises. Cette demande répétée, appuyée sur une solution simple et lisible, n’a pas été retenue. Nous avons maintenant un millefeuille d’aides complexes et inégales, car dépendantes de la taille des entreprises.
Dans ce contexte, la guerre des prix bas que mène la grande distribution est extrêmement délétère pour l’ensemble des entreprises agroalimentaires. Bien sûr, l’inflation alimentaire est importante, mais la part de l’alimentation dans le budget des ménages n’a fait que se réduire ces dernières années. La baguette de pain – malgré l’augmentation récente de son prix – reste un produit bon marché. Si nous regardons dans le rétroviseur : en 1970, il fallait 10,2 minutes de Smic pour acheter une baguette ; contre 5,2 en 2021. Le consommateur doit payer un prix juste pour une alimentation de qualité.
La meunerie, lien essentiel entre la production agricole et les fournils, participe historiquement à la souveraineté alimentaire française. Cette place centrale nous engage, avec l’amont agricole et l’aval boulanger, à anticiper les mutations qui vont impacter la filière blé-farine-pain. La Convention de l’Association nationale de la meunerie française 2023 [organisée à Paris le 16 janvier 2023, NDLR], sous le thème Défi blé 2040, vise précisément cet objectif d’anticipation collective.
De nombreux défis nous attendent. Le premier : défendre la valeur de nos produits et retrouver de la rentabilité pour investir. Le second : s’engager dans la décarbonation. Nous devons, du champ de l’agriculteur à la baguette réduire notre empreinte carbone, c’est une nécessité pour répondre au défi de la lutte contre le changement climatique. Enfin, dernier défi, faire connaître nos métiers pour recruter les talents de demain. Ces défis sont liés et imbriqués et nous ne les relèverons qu’ensemble : agriculteurs, meuniers, boulangers ! »